"Africains, levons-nous"- Patrice Lumumba

Chers « Bibliovores »

Je vous l’ai dit en début de semaine, ceci est une semaine supra spéciale pour moi, et à semaine spéciale s’attache des Publications spéciales. Il en va ainsi de la revue littéraire que je vous propose ci-dessous.

Remember Lumumba
« Africains Levons-nous », Patrice Lumumba

Il s’agit d’un discours prononcé en 1959 à Ibadan au Nigéria  par un Patrice Emery Lumumba, encore en campagne. Leader du premier gouvernement congolais,  il perdra la vie suite à un  assassinat en 1961, après un règne très court. Dans ce texte, il résume sa pensée politique qui aux yeux du lecteur critique porte en elle-même les germes de sa destruction si rapide.

Patrice Lumumba est jeune, beau, charmeur,  intelligent et manie avec dextérité la langue française. Dans ce discours, il fait parler tout ces talents et invite le peuple africain à l’unité. Ses ambitions sont pieuses. Il aspire à un régime inspiré du socialisme russe: parti unique au fonctionnement démocratique dans un premier temps puis ouverture progressive après la stabilisation du pays. Ce discours à l’heure de la guerre froide n’a pu lui attirer que des inimitiés au sein des grandes puissances.

De même, il est rattrapé par son éducation française et manifeste cette ambiguïté si présente au sein de la classe politique africaine à la veille et aux aurores des indépendances (conflit déjà évoqué ici dans la critique du roman L’initié, d’Olympe Bhêly- Quenum). En effet, nombreux sont ces jeunes politiciens qui ont été formés par l’administration coloniale. Ils ont fait leurs études en France, s’y sont frottés avec des pensées évolutives et souhaitent désormais être reconnus comme les égaux de l’homme blanc, colon. Parfois, ils auront trouvé âme sœur au sein de la mère patrie coloniale (exemple de Leopold Sedhar Senghor) et surtout, ils auront appris à révérer la culture occidentale. Patrice Lumumba fait partie de ceux-là et son discours le suggère.

Ainsi, il l’invite à la coopération entres anciennes puissances et futures nations indépendantes, arguant de la nécessité de soutien pour un développement rapide (le futur lui donnera raison, avec la fameuse « Aide au développement). Il reconnait la nécessité de garder notre culture mais invite tout de même à un savant mélange pour obtenir, je cite:

« cet amalgame de civilisation africaine et européenne » qui « donnera à l’Afrique une civilisation d’un type nouveau, une civilisation authentique correspondant aux réalités africaines ».

En somme, son discours est truffé de bonnes intentions, de pensées visionnaires mais qui viennent trop vite bousculer l’ordre établi. La précipitation avec laquelle sa mort sera obtenue, démontre à quel point ses idées faisaient peur à l’époque. Il ne sera pas le seul. Entre 1960 et le début des années 90, la plupart des leaders visionnaires africains, seront systématiquement physiquement éliminés ou déposés en voyant leur image ternie. On citera Ruben Um Nyobe, Thomas Sankara, Nkwame Nkrumah ou encore Sékou Touré.

Quand on y repense, on peut se demander si Lumumba n’aurait pas mieux fait de se taire et d’accepter l’ordre établi. Toutefois, la relecture de ce discours m’invite à m’insurger. L’Afrique avait besoin de tels hommes et peu importe qu’ils en aient pour autant perdu la vie. Lire « Africains levons-nous », c’est se rappeler que l’Afrique doit être unie au-delà des frontières. C’est se rappeler que l’Afrique a toujours été et sera toujours une belle terre d’accueil pour qui veut la respecter. Après tout, il s’agit du berceau de l’humanité! Relire ce texte, c’est enfin être rassurée qu’une initiative telle que ce blog est nécessaire. En effet, il s’agit d’apprendre à mieux connaitre notre terre, à célébrer ses bienfaits et à partager cela avec le monde avec fierté.

Patrice Lumumba a peut-être vécu trop tôt,est peut-être mort encore plus tôt mais il ne tient qu’à nous de faire vivre son esprit dans nos cœurs et nos actes. Alors,  comme il nous y invites

« Africains, Levons-nous »

« Africains unissons-nous »

Et je rajouterai « Africains, inspirons le monde ». Que répondez-vous à cela?

XoXo
AKS♥

Sources: « Le Colonialisme, Patrice Lumumba- Sékou Touré- Jules Ferry, Editions Points, Septembre 2010.

1 Commentaire

  1. […] dans un contexte de guerre froide mais cela se résume à mon sens à la folie du pouvoir. Dans une précédente publication, j’avais décrit l’homme de qualité que l’Afrique a perdu lors du décès de Patrice Emery […]

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