Allah N’est Pas Obligé- Ahmadou Kourouma

Saviez-vous que Allah n’est assurément pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici bas? Mon ami Birima me l’a appris il y a quelques années. En effet, mon ami Birima n’a malheureusement pas eu la vie facile.  Pour tout dire, Birima est un enfant-soldat. A 12 ans, il a déjà vu du monde passer sous sa mitraillette. Birima c’est un gars que j’aime beaucoup, il a toujours le mot pour rire et il est particulièrement savant! La guerre en Sierra Leone ou la grande arnaque au Libéria, aucun de ces détails ne lui échappent. Grâce à lui, j’ai appris que les politiciens ou les prétendus chefs de guerres, sont avant tout des commerçants voraces, sans foi ni loi. « Blood Diamonds« , ce n’est pas juste un superbe film avec le beau et ténébreux Leonardo Di Caprio. Pour Birima, c’est le pain quotidien, le butin de guerre.

J’ai toujours la larme à l’oeil en pensant que mon pote Birima, à 12 ans seulement a déjà vécu toutes ces atrocités, qu’il les a ressenties au plus profond de lui-même et qu’il a pu malgré tout survivre. J’ai une pincée de larmes plus grande lorsque je songe au fait qu’ils sont nombreux dans son cas et qu’ils pullulent un peu partout dans le monde.

Mon récit pourrait laisser penser que je vous décris en la personne de Birima, un être fait de chair et de sang. Toutefois, il ne s’agit que du personnage principal du roman largement plebiscité d’Ahmadou Kourouma, « Allah n’est pas obligé« .

Au travers de mon ami Birima, Ahmadou Kourouma a voulu se faire le porte-parole des sans-voix. Il a ainsi été l’un des premiers auteurs à décrier ouvertement cette plaie ouverte qui fait saigner l’Afrique chaque jour un peu plus. A sa suite, d’autres auteurs donneront la parole à ces enfants, à ces jeunes.  « Allah n’est pas obligé » est aussi un pamphlet contre les nombreux autres maux qui minent la société africaine et en particulier sa jeunesse: corruption, analphabétisme, les guerres absurdes et meurtrières, le poids des sévices perpétrés en toute impunité et l’inconscience des hommes politiques prêts à sacrifier tout un peuple sur l’autel de leur cupidité. Birima, du haut des ses 12 ans, nous parle pourtant comme un grand, comme le grand Ahmadou, avec dérision et fort cynisme.

Au Cameroun, le 11 Février 2014 était célébrée la Fête de la Jeunesse. Dans quelques mois, le 16 Juin 2014, nous célébrerons sur le même ton la Journée de l’enfant africain. C’était donc une occasion idoine pour rappeler à notre bon souvenir l’état de la jeunesse en Afrique. Souvent loin d’être dorée, elle peut être au contraire pauvre, martyrisée, sacrifiée.

Mais en toute chose, tout comme Birima, il faut pouvoir éviter de se plaindre sur notre sort. En toute chose, il faut comme lui pouvoir garder sourire et espoir. Après tout, « Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas ».  Les exemples de réussite chez la jeunesse sont de plus en plus nombreux et une source croissante d’inspiration.

Happy Youth Day KMER & in anticipation Happy Day of the African Child, AFRICA!

« Allah n’est pas obligé » un livre d’Ahmadou Kourouma (1927-2003), publié aux Editions Seuil en 2000. Prix Renaudot et Prix Goncourt des Lycéens (2000).

Des commentaires, une remarque, la parole est à VOUS!!

XoXo,

Anna KEDI SIADE ♦