Leonora-Miano

L’intérieur De La Nuit-Léonora MIANO

L'intérieur de la Nuit- Léonora Miano
L’intérieur de La Nuit- Léonora Miano

« L’intérieur De La Nuit ». Voilà un titre qui paraît bien sombre. Une phrase d’accroche qui nous laisse à la fois perplexe tant on se demande ce que peut contenir les quelques deux cent pages de cet ouvrage. Elle éveille la curiosité du lecteur, le poussant à modestement éplucher une à une les pages de cette fresque sur fond d’Afrique. Cette Afrique qui ne cesse d’être meurtrie par des guerres fratricides, du moins en partie. Celle là même qui de part et d’autre voit ses enfants s’entretuer, se livrer à des batailles sans noms, parfois sans queue ni tête, dont le seul but est de satisfaire des instincts sanglants de quelques illuminés.

C’est en résumé ce que l’on peut tirer de cette belle œuvre de Léonora Miano, qui constitue là même son premier roman, acclamé par la critique, et l’on comprend pourquoi quand on le parcours. Je ressorts de la lecture de ce livre, perturbé par tant de réalité bien que les faits se veulent imaginaires, et saisi d’une intense envie de faire vivre par une simple résumé, ce conte tragique à quiconque prendra le temps de dévorer cette œuvre.

Nous sommes au Mboasu. Pays imaginaire au cœur de l’Afrique et qui signifie dans la langue natale de l’auteur « Chez nous » ou encore « Le Pays ». Eku, un petit village au cœur du Mboasu, sera le théâtre de cette fresque qui met en scène plusieurs acteurs.

Ayané, en est la principale. Fille d’Eku de par son père Eké, elle n’a cependant jamais vraiment appartenu à cette tribu, sa mère Aama, venant d’une contrée voisine, et de ce fait, considérée jusqu’à sa mort comme une étrangère. C’est d’ailleurs pour dire au revoir à celle-ci qu’Ayané revient des années après, sur cette terre où elle n’a jamais été acceptée, où elle a toujours été considérée comme étrangère elle-même, et pire, comme sorcière, sa peau étant plus claire que celle commune des natifs d’Eku, noire comme l’ébène.

Ce retour au pays natal, constituera pour elle un choc. Celui de se savoir définitivement rejetée par cette communauté, mais surtout, à cause des évènements qui le laps d’un temps, vont se dérouler sous ses yeux. Évènements qu’elle vivra horrifiée, depuis une branche d’arbre, siège peu confortable de ce théâtre pathétique et sanglant.

Les habitants sont tout au long, prisonniers de leur terre. Prisonniers d’une milice, menée par Isilo, chef illuminé et machiavélique d’un groupe de rebelles, qui prend d’assaut ce paisible village, et qui en une nuit changera à jamais le destin de ses enfants. Avec ses discours grandiloquent, ses références à une grandeur révolue, à un monde et une ère imaginaires dont il se voit être le chef, le précurseur et surtout le Roi, ce faiseur de morts, va en quelques instants, aidés de ses fidèles et de quelques âmes faibles au sein même de la tribu d’Eku, faire sonner trop tôt, le glas de quelques âmes malheureuses, qui n’ont eu pour seul drame que de vivre en paix sur cette terre, et de suivre leurs traditions. N’eut été la ruse, le courage et l’audace d’Ié, doyenne fière et digne du village, le tragique de cette nuit aurait été sans précédent.

C’est sur ces mots, sans vouloir vous en dire plus, que je souhaite que vous vous jetiez sur ce roman.

C’est un cri d’amour à tous les enfants de cette terre d’Afrique. Un cri de détresse émanant de tous ceux qui par le biais de l’auteur et de ses héros, vivent péniblement des situations similaires à travers cette terre sacrée. Léonora Miano réussit là un tour de force, qui nous oblige à nous remettre en question, et à penser un peu plus au sort des autres, ces autres dont on se sent parfois si loin, mais dont nous sommes si proches.

XoXo,

Cédric BENGUE ♦

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