Mongo-Beti

Perpétue-Mongo Beti

Perpétue est belle ! Perpétue est jeune ! Perpétue est intelligente. Seulement, à quoi peuvent servir tous ces attributs ? Quel est leur intérêt lorsqu’on a quitté son sombre village natal uniquement pour les études primaires ? Quelle est la valeur de tels atouts lorsque votre mère ne songe qu’au montant de votre dot future ? Quel mariage envisager lorsque votre mère l’entrevoit avant tout comme une transaction commerciale où vos atouts servent à augmenter votre valeur marchande ?

Perpétue-MongoBeti
« Perpétue ou l’habitude du malheur

Telles sont les questions que Perpétue devra très vite se poser. Tels sont les ingrédients clefs du drame de sa vie. Offerte à un mari fonctionnaire illettré, jaloux de cette épouse si savante, femme battue et meurtrie, Perpétue rendra bien vite l’âme. Ainsi au moment où commence ce livre, le drame est d’ores et déjà joué! La petite Perpét’ est décédée, faisant désormais partie d’un passé lointain pour sa mère, son frère et son cher époux.

Un protagoniste semble cependant s’émouvoir du triste sort de la jeune fille. Il s’agit d’Essola, le frère aîné. Activiste politique, personnage en avance sur son temps, il est en prison au moment des faits. Il rentrera au village pour apprendre la triste nouvelle.

Amoureux de cette jeune sœur qu’il n’a jamais réellement compris,  il n’aura de cesse de rechercher la vérité. Elle  lui sera transmise telle un conte. Au fil du livre, dans ce conte raconté au présent, nous l’accompagnons et devenons comme lui, témoins invisibles et silencieux du drame qui se joue.

Mongo Beti, maître dans l’art de la dérision ne parvient que peu ou prou à me faire rire dans ce roman. Sous-titré par son auteur « l’habitude du malheur », Perpétue est un roman sombre qui décrit la place de la femme dans l’Afrique contemporaine.

C’est aussi le récit d’une vengeance, implacable, froide et impunie. C’est la vengeance d’un frère à l’endroit des meurtriers de sa sœur, à l’endroit d’un système, d’une société qu’il honnit.  C’est la vengeance déguisée d’une jeune fille, contre ce monde qui n’a pas su la comprendre.

Mongo Beti nous raconte une histoire des années 70, toutefois, elle a tout d’une histoire du 21ème siècle. La condition féminine au Cameroun et en Afrique, malgré de nombreuses avancées, reste sujette à controverse. De ce fait, « Perpétue » demeure criard de vérité.

Je vous invite à découvrir ce roman pour nourrir votre engagement. Ce n’est pas seulement un livre pour les femmes! Plusieurs autres thèmes y sont abordés:  corruption, analphabétisme,  gabegie de la fonction publique, engagement politique, etc.. Mongo Beti, historien d’un nouveau genre se fait le témoin cynique de la société camerounaise de l’après-indépendance, tel un Honoré de Balzac dans « La Condition Humaine » dans sa critique acide de la France du 19ème siècle.

Pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, je vous encourage à découvrir dès maintenant, le magnifique « Perpétue ».

Vous avez aimé cette revue, vous connaissez le livre ? Vos commentaires sont les bienvenus.

XoXo

Anna KEDI SIADE ♦

1 Commentaire

  1. […] après sa publication, de même que la publication d’une oeuvre tout aussi forte revue ici (Perpétue de Mongo Beti), le constat est bien triste. Les femmes de par le monde demeurent des monnaies […]

  2. […] et de qualité. Dans les années 70, il évoque le destin triste d’une jeune femme dans “Perpétue ou l’habitude du malheur”. A noter: c’est l’un de mes auteurs préférés, s’il en est. Vous entendrez donc […]

Répondre à Trois Prétendants, Un Mari- Guillaume Oyono Mbia | La Bibliothèque qui ne brûle Pas Annuler la réponse

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