Henri-Lopes

Le Pleurer-Rire- Henri Lopes

Le Pleurer-rire, un titre très évocateur pour une fable, que dire, un conte burlesque dans une Afrique qui pourrait être celle des années 60 tout comme celle d’aujourd’hui à quelques égards près. Le Pleurer-rire est un livre qu’on ne présente a priori plus, considéré comme un chef d’oeuvre et dont l’auteur Henri Lopès n’est autre que l’ambassadeur en France de la République du Congo (Brzaville) après avoir travaillé dès 1981 à l’UNESCO.

Le Pleurer-rire est un paradoxe. Paradoxe palpable ne serait-ce qu’au travers du titre. Mr. Lopes nous conte le parcours de Bwambe Na Sakkade, un dictateur d’une espèce rare ou plutôt de son maître d’hôtel. STOP. Je me sens doucement devenir trop académique. Mais c’est dire l’effet qu’a eu sur moi cette oeuvre exceptionnelle.

En effet, pour la prmeière fois, chers Bibliovores, j’ai eu du mal à terminer un livre dont je souhaitais vous parler. Il m’a fallu des semaines, pour terminer ce roman. J’ai souvent eu comme une « nausée », j’ai été fatiguée, j’ai voulu l’arrêter. Une écriture mêlant le français de Molière (en gros, le français très soutenu, le français des livres de Maupassant) à l’argot ou plutôt un patois local congolais. Des onomatopées retranscrites à l’écrit tout comme dans un texte de pièce de théâtre. Ce n’était vraiment pas facile.

De plus, même la trame semblait se perdre dans des méandres incompréhensibles, entre les problèmes de maîtresses du maître d’hôtel en passant par les complots contre la personnalité du généralissime et la vie au jour le jour des habitants de la république de Bwambe Na Sakkade. En réalité, toute cette complexité participait du caractère totalement GENIAL de ce roman. Toutes ces perturbations n’étaient qu’une forme d’expression de la folie furieuse du personnage ubuesque décrit dans ce roman mais aussi incroyable que cela puisse paraître, il demeurait très proche de la réalité.

Ainsi, pour dévoiler un petit secret, « Le Pleurer-Rire » est une oeuvre qui sans aucun doute s’attaque au régime du Maréchal Mobutu alors président de la République du Zaïre (Congo-Kinshassa). Elle s’attaque de même à toutes les dictatures qui ont voulu faire pareil ou pire. Le pleurer-rire est une oeuvre qui se veut volontairement violente, dure, « dégoutante » pour réveiller en nous l’envie de nous battre, de faire différemment. On pleure et on rit. On pleure du sort de notre continent à l’épôque et on rit de l’absurdité complète des situations décrites.

« Le Pleurer-Rire » est devenu pour moi comme un manuel anti-dictature à l’instar d’une autre oeuvre géniale, « En attendant le vote des bêtes sauvages » déjà décrite dans nos colonnes.

« Le Pleurer-Rire » ne fait pas bien rire, mais ne fait pas non plus bien pleurer. C’est un entre-deux, une façon de rappeler que l’Afrique est capable du pire comme du meilleur. C’était un travail ardu de le lire, et encore plus ardu de prendre sur moi de le partager avec vous. C’est une oeuvre reconnue de part le monde, et un juste rappel du fait que l’Afrique est définitivement le berceau de l’humanité.

J’espère vous avoir donné envie de faire un saut dans le temps, de faire un saut dans une certaine mentalité, un certain monde et j’ose croire que vous n’hésiterez pas à lire et partager cette modeste revue.

XoXo,

Anna KEDI SIADE ♦

15 Commentaires

  1. Superbe article ! Le pleurer – rire est un classique indémodable. Concernant les fonctions de Henri Lopès, précisons qu’il est Ambassadeur du Congo (Brazzaville) en France.

    1. Merci pour la précision, et merci pour le commentaire.

      1. Je t en prie ! Désolée, mon comment s’est dédoublé.

        1. Pas de souci, tu es ici chez toi.

  2. Superbe review !
    Le pleurer – rire est un classique indémodable. Concernant les fonctions administratives de Henri Lopès, précisons qu’il est présentement Ambassadeur du Congo (Brazzaville) en France.

    1. Bonsoir à toi Anna

  3. Ta revue m’ a paru un peu pâteuse et lourde en te lisant au début, j’avoue même que pour une fois j’ai failli ne pas aller au bout.
    Mais en comprenant la trame profonde de roman, j’avoue que moi même j’aurai été partagée et pourquoi pas troublée durant da lecture.
    Je ne l’aurais pas mieux dit: « …une façon de rappeler que l’Afrique est capable du pire comme du meilleur » car c’est le sentiment qui m’anime ces derniers jours!
    Bravo mon amie, une fois de plus tu auras su présenter un chef d’oeuvre litteraire qui vaut vraisemblablement le détour 😉

    1. Merci chère amie. Si la revue t’a paru lourde et pâteuse c’est qu’elle a sans aucun doute atteint son objectif (retranscrire mon vécu de lecteur), car c’est aussi le sentiment que le livre m’a fait au départ.

  4. Le résumé, si bien écrit déjà, m’a donné envie de lire!

    1. Merci Théophile. D’ores et déjà bonne lecture à toi et n’hésite pas à partager tes impressions ici ou sur notre page facebook.

  5. Hâte de le lire et découvrir l’Afrique des années 60

    1. C’est un plaisir que je te souhaite.

  6. nfkane m’a précédé en précisant que Mr Henri Lopes est bien citoyen du congo Brazzaville bien qu’étant née au congo kinshasa.

Répondre à nfkane Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *